Nous, libéraux de 19 nations, réunis à Oxford dans une période de troubles, de pauvreté, de famine et de peur causée par deux guerres mondiales, sommes convaincus que la condition actuelle du monde est en grande partie due à l’abandon des principes libéraux.
Convaincus que la condition actuelle du monde est largement due à l’abandon des principes libéraux, nous affirmons notre foi par la déclaration suivante.
L’homme est avant tout un être doté du pouvoir de penser et d’agir librement et de la capacité de distinguer le bien du mal.
Le respect de la personne humaine et de la famille est le véritable fondement de la société.
L’État n’est qu’un instrument de la communauté : il ne doit s’arroger aucun pouvoir susceptible d’entrer en conflit avec les droits fondamentaux des citoyens et les conditions indispensables à une vie responsable et créative, à savoir : la liberté individuelle, garantie par l’indépendance de l’administration de la loi et de la justice
- la liberté de religion et la liberté de conscience
- la liberté d’expression et la liberté de la presse
- la liberté de s’associer et de ne pas s’associer
- le libre choix de la profession
- la possibilité d’une éducation complète et variée, en fonction des capacités de chacun, sans distinction de naissance ou de ressources
- le droit à la propriété privée et le droit à l’initiative individuelle
- le libre choix du consommateur et la possibilité de jouir pleinement des fruits de la productivité du sol et de l’industrie de l’homme
- la sécurité contre les risques de maladie, de chômage, d’incapacité et de vieillesse
- l’égalité des droits entre les hommes et les femmes.
Ces droits et conditions ne peuvent être garantis que par une véritable démocratie : La véritable démocratie est inséparable de la liberté politique et repose sur le consentement conscient, libre et éclairé de la majorité, exprimé par un vote libre et secret, dans le respect de la liberté et des opinions des minorités.
La suppression de la liberté économique conduit inévitablement à la disparition de la liberté politique : Nous nous opposons à cette suppression aussi bien si elle est la conséquence de la propriété ou du contrôle de l’État que si elle résulte de monopoles, de cartels ou de trusts privés. Nous n’admettons la propriété de l’État que pour les entreprises qui dépassent les possibilités de l’initiative privée ou pour lesquelles la concurrence n’a plus de moyen d’agir.
Le bien-être de la communauté doit prévaloir et doit être protégé contre l’abus de pouvoir par des intérêts particuliers.
L’amélioration continue des conditions de travail, du logement et du cadre de vie des travailleurs est essentielle. Les droits, les devoirs et les intérêts du travail et du capital sont complémentaires ; la consultation et la coopération organisée entre les employeurs et les travailleurs sont vitales pour le bon fonctionnement de l’activité productive.
Le travail d’intérêt général est le complément nécessaire de la liberté ; à chaque droit correspond un devoir. Les institutions libres ne peuvent fonctionner efficacement que si chaque citoyen a le sens de sa responsabilité morale envers son prochain et prend une part active aux affaires de la communauté.
La guerre ne peut être abolie, la paix mondiale et la prospérité économique rétablies que si toutes les nations respectent les conditions suivantes :
- participation loyale à une organisation mondiale regroupant toutes les nations, grandes et petites, régie par des principes uniformes de droit et d’équité et dotée du pouvoir d’imposer le strict respect de toutes les obligations internationales librement consenties
- le respect du droit de chaque nation à jouir des libertés humaines essentielles
- le respect de la langue, de la religion, des lois et des coutumes des minorités nationales
- le libre échange des idées, des nouvelles, des biens et des services entre les nations, ainsi que la liberté de circulation à l’intérieur de chaque pays et entre les pays, sans les obstacles que constituent la censure, les barrières commerciales protectionnistes et les restrictions de change
- le développement des régions arriérées du monde avec la coopération de leurs habitants, dans l’intérêt véritable du monde entier.
Nous lançons un appel à tous les hommes et à toutes les femmes qui acceptent ces idéaux et ces principes pour qu’ils se joignent à nous afin d’obtenir leur affirmation dans le monde entier.
Collège Wadham
Oxford, avril 1947